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d’audierne au bec du raz

Moi-même je suis descendu par le bassicot à la profondeur de 120 pieds. De l’avis de tous on trouverait des charbons d’excellente qualité, charbons sans mélange de soufre, charbons de fourneau assurément. Le filon semblait important, subitement on fit cesser les recherches, au grand ébahissement des ouvriers… des propriétaires des terrains qui déjà escomptaient de gros bénéfices, au regret des habitants qui espéraient trouver du combustible à bon marché.

Les premières recherchent furent dues à la haute protection d’une cousine de Napoléon III, la princesse Bacciochi… intérêts dynastiques, ce sont là, jeux de prince. Plus tard de nouvelles fouilles eurent lieu, ou plutôt des feintes de fouilles, a-t-on dit. Quelques gogos fournirent les premiers subsides d’essai et l’on fit comme pour Panama. Qu’est-ce à dire ? n’allez pas croire que nous ambitionnions de voir notre Cap-Sizun, troué, perforé par une légion de termites, d’assister aux tristes spectacles d’explosion du grisou ? non, mais les esprits sérieux qui en ont parlé, qui m’écrivent d’en dire un mot, y mettent du patriotisme en jeu… Pourquoi abandonnerait-on une source de richesses si abondante ? aussi à portée de nos arsenaux. Que la guerre éclate et le charbon est tout près, aux portes de Brest. Les plus grands cuirassés pourraient venir s’approvisionner ainsi que nos transports… il est sous Cléden, à Téolin même, des emplacements de port où les plus grands navires peuvent accoster à toute heure de la marée et de nuit et de jour, et ce sont des abris sûrs. Ceci mériterait bien une enquête… mais bah ! nous sommes en France et l’initiative est la moindre de nos qualités. Autres sont les Anglais qui sont fiers de leurs Indes noires, qui font leur richesse et qui nous font leurs tributaires, ils ne