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d’audierne au bec du raz

mauvais souvenirs. Leurs légendes disent que les seigneurs d’autrefois étaient rapaces et durs, vivants au milieu d’eux, s’enrichissant de leurs sueurs et proh pudor ! un souvenir est resté assez vivace. S’ils n’étaient pas les pères de leurs fermiers, ils étaient trop souvent les pères de leurs enfants. Est-ce par cette origine que quelques uns ont conservés un petit air de noblesse qui leur va très bien. Dans l’ensemble, très durs à la fatigue, sobres, se nourrissant de peu, ils présentent au recrutement les plus solides sujets… je fais erreur en le disant, il en est peu qui se présentent à la toise du conseil de révision, presque tous inscrits maritimes, ils donnent à la flotte des marins hardis et même téméraires… capitaines et officiers sont fiers de les avoir dans leurs équipages car ils ne redoutent ni la mer, ni la tempête. Dès le plus jeune âge, ils fréquentent la côte, plus matelots que cultivateurs.

Les plus durs travaux des champs ils les abandonnent à leurs robustes jeunes filles qui ne reculent pas devant le rude coup de talon qui fait pénétrer la bêche dans leurs terres argileuses. Parcourez leurs campagnes, surtout près de la grève et vous verrez dans les sentiers étroits et rocailleux de leurs villages, quelques unes le sceptre à la main dirigeant un attelage de vigoureux chevaux.

De temps immémorial, les différentes paroisses du cap ont été une pépinière d’ecclésiastiques. Il est peu de famille honorable qui ne compte quelque membre dans le clergé, et nombreux sont ceux qui se sont fait remarquer dans le ministère paroissial, comme bons prêtres, excellents administrateurs surtout, emportant avec les qualités puisées dans leurs familles, l’ordre, l’économie.