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cap sizun

fait le désespoir des peintres, c’était le jaune bâtard de l’amadou.

L’enfant du cap aime à s’instruire, devenu homme il est loin d’être réfractaire au progrès, avec prudence ils l’adoptent et avec un petit air de fierté ils semblent dire, nous l’avions pressenti.

Ils sont Bretons et s’en font gloire et comme Bretons ils sont têtus. En un mot, ils ont une pierre comme cervelle… cela ne vaut-il pas mieux que d’avoir comme d’autres français, une peau de tambour dans la tête qui résonne au moindre souffle et les rend fous.

Réservé, froid, compassé, gourmé même…, trouverez vous chez eux dans leurs assemblées, dans leurs noces, cette gaieté exubérante des cantons voisins ? Les binious joyeux n’y sont pas connus, et c’est de loin qu’on les fait venir pour les grands et rares jours.

Si vous voulez une caricature, affublez donc le Capiste d’une bombarde, d’un hautbois. Le Dieu de la danse n’eut pas les honneurs d’un autel chez eux.

À moins de quelques rares croisements, vous ne retrouverez les cheveux blonds, les yeux bleus des Celtes… yeux noirs, cheveux noirs, le reste est minime sauf exception. Ils n’ont pas non plus cette religiosité tendre, mélancolique, le fonds des natures celtiques… il est plus tôt enclin au scepticisme.

La stature est d’une bonne moyenne, le corps généralement sec et nerveux, les membres vigoureux. Rarement trouverez vous des infirmes parmi eux, tempérament froid et rassis, ce n’est pas chez eux que La Rochejacquelin eut recruté des compagnons, on n’eut pas trouvé chez eux l’étoffe d’un Stofflet. Ils ont le sentiment fier de la démocratie… les temps jadis ont laissé chez eux de