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d’audierne au bec du raz

ils parlent d’eux-mêmes, de leurs animaux, de leurs produits.

Si le soleil avait pu mûrir leurs grappes, dorer les pampres de leurs côteaux, sans aucun doute ils eussent donné à leurs vins, le nom de vin du cap… quand bien même ce vin n’eût pas eu le bon goût de ce vin de constance, que l’on paie si cher et dont les anglais sont si fiers… et qu’ils nomment avec orgueil, leur vin du cap… comme dit Paul Dupont… ils n’en ont pas en Angleterre.

La langue bretonne de la Basse Cornouaille est leur parler usuel, c’est celui qu’ils emploient dans la famille, dans leurs champs, dans leurs chansons, et presque tous les hommes savent le français.

Le costume diffère essentiellement de tout costume breton du chupen glas… chez eux pas de chapeaux à larges bords agrémentés de chenilles, pas de braies, pas de gilets aux couleurs voyantes… toujours les teintes sombres. Quand un étranger vient planter sa tente parmi eux, il en adoptera le costume.

Les tailleurs de campagnes, qui du reste dans les autres parties de la Bretagne tendent à disparaître, classe spéciale, presque comme les parias dans l’Inde, n’ont jamais été connus chez eux, du moins comme dans tous les autres cantons, pérégrinant d’une ferme à l’autre, s’occupant des mariages.

Il y a quarante ans, le chapeau à haute forme était de tenue journalière, c’est un souvenir de notre enfance. On en trouverait encore quelques uns dans le fonds de quelque armoire et le musée des antiques devrait y faire une perquisition pour en conserver le modèle, car il n’existe plus nulle part. Ils passaient, dit-on, de grand-père à petits-fils, à la longue, ils prenaient une teinte qui eut