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cap sizun

son père. Judicaël, Roi de Bretagne la voulut pour épouse, ne l’obtint qu’avec peine, car la jeune princesse eut désiré se consacrer à Dieu… Malgré tout, pour ne pas déplaire à son père, elle obéit, l’obéissance aux parents est une grande vertu… Judicaël vint donc à Brest, et pendant quinze jours les fêtes les plus brillantes se donnèrent… Fêtes sur la terre, fêtes sur la mer… Voilà l’histoire… Le roi l’amena à Chatel Audren, si jamais vous parcourez ce pays, vous verrez encore les ruines de ce château. Maintenant c’est une esplanade, ombragée par des promenades magnifiques sur une longueur de deux kilomètres bordant l’étang qui il y a 100 ans, en 1793, commit tant de ravages dans la petite ville. Catastrophe plus effroyable encore que celle qu’on nous signale aujourd’hui dans les Vosges, à Bouzey. Trois étangs rompirent leurs digues, et culbutèrent maisons et habitants, Aujourd’hui il n’y a plus qu’un seul étang dominant Châtelaudren dans les Côtes-du-Nord.

Les deux jeunes époux, Judicaël et Azénor, furent longtemps heureux… Mais ce qui arrive souvent, les jours heureux s’envolent et ne laissent place qu’à de la tristesse.


Even, le père d’Azénor se remaria, et une marâtre cruelle et méchante, comme elles sont toutes, vint troubler la paix de l’heureux ménage. L’amour de Judicaël se changea en haine. Dam ! on serait furieux à moins. La calomnie de la marâtre fit dire que le roi n’était pas le père de l’enfant qu’Azénor portait dans son sein. Judicaël en prit ombrage comme de raison, un reste d’affection lui interdisait de se montrer cruel… Ne se souciant pas de punir lui-même, il fit mener la prétendue coupable à Brest près de son père qui serait juge et saurait la punir.