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légende de la grotte du diable

arriva sur la pointe de la Chèvre au pays de Crozon, un oiseau magnifique… sa tête était belle, et son bec plus dur et plus brillant que le diamant, ses ailes étaient dorées, les plumes de son ventre étaient d’argent… et ce bel oiseau d’où venait-il ? il venait de l’Île de Sein, alors vrai nid de fées, et ce nid était la suite de palais magnifiques, plus beaux les uns que les autres… Cet oiseau qui avait traversé les mers, était une fée d’un ordre supérieur.

Il y avait alors des bonnes fées, et des fées malignes, comme il y a seigneurs et seigneurs. Les unes étaient pour le bien, les autres pour le mal… c’est toujours comme cela.

Celle dont nous parlons était une bonne fée, et sa présence un heureux présage pour le pays de Crozon et c’est dans ce but qu’elle avait abandonné son beau palais de cristal, qu’elle ne devait plus revoir. C’était dans leurs lois d’alors, et c’est pour elles que l’on disait : « Qui va à la chasse perd sa place. » Son désir de faire le bien, l’avait fait descendre dans ce beau pays, et chaque jour on la voyait se promener le long des falaises. Son apparition seule, calmait les tempêtes ou les semait. C’était la manière de rendre service aux habitants qu’elle aimait… C’est pour cela que les Crozonais sont des veinards.

Le plus souvent elle portait ses pas dans le pays de Morgat, surtout au pied d’une montagne que l’on nommait et que l’on nomme encore Ménez-Aro.

Un matin notre bonne fée ne songeait qu’au bien qu’elle pourrait faire dans la journée, ne voulant pas le soir se faire le reproche de Titus… Elle se promenait le long de la falaise, car les plus petits sentiers, qu’eussent pu fréquenter les cabris et les chamois des montagnes, ne pouvaient lui donner crainte, et ceux-ci ne vont-ils pas d’un rocher à un