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cap sizun

parle dans un article spécial : elle fut retirée des courants du ras, à 120 brasses de profondeur, le jour du vendredi saint, il y a une soixantaine d’années, par un nommé Pierre Tréanton. D’où revenait-elle ? Adhuc sub judice lis est… C’est la croix de Penneac’h.

Avancez encore et toujours à votre gauche vous verrez une chapelle consacrée à saint Yves. Ici je ne vais pas vous donner une légende, mais vous narrer une histoire vraie et toute récente, puisqu’elle date de vingt ans à peine……

Saint Yves, sachez-le bien avait une trinité de qualités. Et vraiment cela se chante, il était breton, avocat et pas voleur, ce qui étonne tout le monde. Sanctus Yvo erat brito, advocatus et non latro, res miranda populo.

De temps immémorial on célébrait à cette petite chapelle que vous voyez, un modeste pardon. Un jour, il y a de cela vingt ans, un ukase de M. le Recteur de Plogoff, proclame : « il n’y aura pas de pardon cette année, le pardon est aboli. »

Grand émoi dans les hameaux qui entourent l’oratoire ! Plus de pardon, mais c’est abominable ! plus de procession, mais c’est scandaleux.

Disons-le de suite, et ne vous fâchez pas dévots pardonneurs. Le great attraction de tout pardon, c’est le dîner de gala en l’honneur du saint, ce jour est consacré un tantinet à rendre des politesses, vous savez le proverbe, donnant, donnant… et dans ce jour on peut dire avec Horace, nunc est bibendum… L’âme a sa satisfaction dans les honneurs rendus, dans la pompe de la grand’messe, dans le déploiement de la bannière du saint patron, ne faut-il pas que le corps, ce fidèle compagnon de l’âme ait aussi sa satisfaction, mais c’est tout naturel, et on ne songe pas à vous en faire un reproche.