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d’audierne au bec du raz

Située au sommet de la montagne, la chapelle domine la mer et il n’est pas de matelot breton qui, l’apercevant du large, n’invoque le secours de la patronne vénérée, avant de traverser le courant violent du ras… Secourez-moi au passage du ras, ma barque est petite et la mer est grande.

Le deuxième dimanche de juillet est le jour du pardon renommé entre tous. Vous voyez un nombre considérable de marins qui ont fait des vœux. C’est pieds nus et la tête découverte qu’ils suivent la procession. Toutes les bannières, toutes les croix des paroisses environnantes sont là, bannières et croix sont riches en général… elles suivent la procession et viennent donner le baiser de paix sous le porche de l’église, à la croix de l’oratoire qu’elles choquent : de ce même jour, un bateau part de l’île de Sein la bannière déployée à l’avant, les marins qui en descendent vont se joindre au cortège. À la suite de la procession, des milliers de personnes réunies autour d’une croix en granit, tribune improvisée pour un grand orateur de la contrée, entendent respectueusement un sermon en plein vent. La multitude est là, têtes découvertes, l’orateur choisi doit avoir une voix de Stentor pour se faire comprendre. C’est ainsi qu’on se représente au moyen-âge Pierre l’Ermite prêchant la croisade sainte.

Quel beau spectacle pour les yeux ! L’immensité de l’Océan à quelques pas, une montagne couverte d’une maigre bruyère et de rochers gris superposés, des milliers de fidèles attentifs et silencieux… Peintres, touristes, préparez vos pinceaux, le tableau en vaut la peine.

Plus loin sur la route à gauche, faisant face à l’entrée qui mène au bourg, on voit sur une petite place d’un village important, une croix dont je