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cap sizun

Que coûterait la suppression de cet objet de terreur ? Presque rien, et la main de Dieu vous l’indique.

Faites un canal, ou sans cela, malgré vous, les flots le creuseront. Ils mettront, un demi siècle, un siècle peut-être, et le coût des travaux que vous mettrez à vous y opposer, sera plus élevé qu’une petite émission de quelques cent mille francs… Peste ! mon ami, n’y va pas de main morte, et il ne manquerait plus que cela… un petit Panama à Plogoff…

Oui, lui ai-je dit, trouvez un nouveau de Lesseps… pas n’est besoin, dit-il… Trouvez un homme en quête de popularité, à la recherche d’une nomination à la chambre, il promettra de s’en occuper, et il s’en occuperait sérieusement, par le désir d’être utile à la France, à tous les peuples, car il saurait faire valoir toutes les bonnes raisons qui militent en faveur de l’entreprise, et il trouverait un apport convenu… Qu’est-ce que quelques cent mille francs pour un canal de 10 kilomètres, à peu près dessiné.

Les plus grands navires de toutes les nations passeraient sous un pont aussi élevé que celui de Brooklyn, à New-York.

Les vierges de l’île qui soufflent les tempêtes dans le Ras seraient impuissantes, et nous pourrions narguer le raz de Sein et sa chaussée…

Braves gens de Plogoff, je vous vois déjà insulaires et obligés de passer sur ce pont, pour venir à Audierne et aux foires de Pont-Croix : vos petits enfants pourront seuls voir ce travail que la mer se charge d’accomplir d’année en années… Et vous touristes, gravissez sans crainte la côte au sommet de laquelle vous apercevez la chapelle de N.-D. de Bon-Voyage, pèlerinage célèbre à cent lieues à la ronde.