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d’audierne au bec du raz

coiffe, ne se souciant pas de mourir vierges et martyres.

Le dimanche qui précède la Saint Jean, on célèbre la fête du grand saint breton dans la chapelle que vous apercevez à gauche, et il y a un grand afflux de fidèles de toutes les parties de la Bretagne.

Un jour l’ennemi des bretons enlève la clef de l’oratoire, et ce fut par jalousie ; par cela il savait causer une grande désolation. Mais voici venir la main de Dieu… Quelques jours après, un pêcheur du pays ramena du large un poisson monstrueux : triomphant il le porte, mais une force invincible le pousse près de l’oratoire, et arrivé là, il ne peut plus avancer… Le poisson est dépouillé, et que trouva-t-on ? La clef, la seule qui pouvait dire Sésame ouvre-toi… La joie fut universelle… C’est cette clef que l’on conserve depuis plusieurs siècles dans une cassette capitonnée, elle est mangée par la rouille, mais c’est elle… allez au presbytère de Primelin et on vous la montrera.

Le jour même du pardon, les brocanteurs apportent des caisses de clefs, en plomb fondu. Celles-ci reçoivent une bénédiction spéciale et chacune de ces clefs a une vertu sur les chiens enragés, elles préservent des blessures, et les pèlerins les achètent à la douzaine.

Il en est de même d’un petit pain sans levain, nommé bara an alve (le pain de la clef), celui-ci ne se corrompt pas et préserve de la rage.

Autrefois à cet oratoire célèbre, on amenait des malades, qui s’ils ne guérissaient pas, étaient destinés à y mourir. On voit encore la cellule où l’on renfermait les malades… Le dernier exemple date d’une soixantaine d’années, et c’était un homme de la paroisse de Goulien.