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d’audierne au bec du raz

Ce n’est plus de la basse Cornouaille : prenons cependant quelques exemples à divers âges. C’est toujours la Bretagne, bretonnante.

Des pirates, pilleurs d’églises, vinrent à Guic-Seni (Guisseny), sur les côtes du Léon… Un enfant regardant vers la mer s’écrie : Douè, Douè, gueld a ran mil guernDieu, je vois mille mâts. Il va le dire à Guénolé qui demeurait alors à Lesguern, près de son père, Fragan, neveu de Conan Mériadec…… Guénolé avertit son père et le pria de s’opposer à la descente.

Celui-ci vainquit les pirates signalés par l’enfant, au lieu dit Izel-vès, en la paroisse de Plounévez : une croix élevée à Lanvengatt, en Guisseny, à l’endroit où se trouvait l’enfant, est le témoin de ce fait historique.

Ces invasions furent fréquentes, et se multiplièrent au moyen-âge ; en 1522, une escadrille de 60 voiles anglaises remonta la nuit, la rivière de Morlaix, où plus tard on construisit, le château du Taureau, Castel an Taro.

Il y avait trahison, probablement, car la ville fut surprise au moment où toute la noblesse avec ses hommes d’armes figurait à Guingamp dans une de ces revues du ban de la province, appelés monstres… on ne comptait dans la ville que des vieillards et des femmes… L’ennemi s’attarda au pillage dans la grand-rue, une jeune servante, seule au logis, confié à sa garde, bonne patriote, réunit quelques voisines… elle enlève avec elles, la trappe d’une cave, ouvre la vanne par laquelle les eaux de la rivière font irruption dans le sous-sol. L’ennemi aviné se présente dans le corridor par deux, par trois, par quatre, à plusieurs reprises, il culbute et l’on n’entend qu’un cri d’agonie… Il y périt bien une centaine… trop tôt le stratagème est connu. La fureur de