Page:Boulain - Souvenirs de la Basse-Cornouaille, vol. 1, 1895.djvu/51

Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
audierne

Sachez-le bien… Ce long môle de l’entrée, ce fanal n’ont pas été établis comme but de promenade… loin de là…

À cette extrémité rien de plus terrible, rien de plus émouvant que la lutte des éléments… Non seulement les flots viennent battre les murailles de granit qui ne résistent pas toujours (on l’a vu on 1865), dans leur fureur ils balayent l’esplanade, les parapets ne sont pas un obstacle.

Les habitants eux-mêmes que ce spectacle émouvant ne saurait blaser, s’y rendent d’assez loin, et ce n’est qu’à distance qu’ils peuvent contempler les flots mugissants. Spectacle inoubliable vraiment… Les flots battent la muraille, font irruption, de terribles paquets de mer surmontés de gerbes d’écume se précipitent, couvrent phare et fanal. Quel est donc l’audacieux qui voudrait en approcher ? Une longue chaîne à mailles solides est disposée pour le gardien, le long du parapet. C’est à lui de choisir le moment propice pour se rendre à son poste ou pour en sortir.

Les Parisiens se rendent bien à Caudebec, pour contempler les effets prévus du mascaret et un Babinet quelconque leur indique le jour fixe… Eh bien ! qu’est-cela, près du spectacle imprévu de la tempête ? On en est tout ému, et l’on repart terrifié. Alors malheur au bateau qui s’est attardé au large, et que de fois, cela n’arrive-t-il pas ?

Les bateaux rentrés se comptent, l’inquiétude gagne. Souvent ils peuvent fuir devant la tempête et prendre le large, mais ils ne le peuvent pas toujours.

Alors c’est un affolement… Les sauveteurs de la douane se saisissent du canon porte-amarre, de nombreuses bouées de sauvetage, de cordages, de ceintures… Le bateau de la Société est déjà sur le lieu du sinistre avec ses hommes dévoués, qui