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audierne

Le lendemain des femmes éplorées attendent un mari, une mère attend son fils, ceux-ci n’ont pas reparu.

Les marins d’une barque du même port pêchant dans les mêmes parages viennent dire ; nous étions dans les mêmes eaux, il nous a semblé avoir entendu appeler « Au Secours »… mais nous étions éloignés… il nous semble avoir distingué dans la nuit, les feux d’un fort navire qui n’a pas stoppé.

Lugubre n’est-ce pas ! cependant c’est l’exacte vérité. Les capucins de la montagne d’Audierne, pendant les deux siècles de leur passage, n’ont pu jouir d’un horizon aussi varié, que celui qui se présente de nos jours… et ici, l’on peut dire, crescit eundo.

En jetant les yeux à quelques pas d’eux, ils n’ont pu voir sur le versant de la colline, à droite au-dessous de leur enclos ces coquettes villas que l’on vient d’édifier les années dernières, certainement elles viendront s’étager encore, l’avaient-ils prévu ? Ils ne se sont pas dit par exemple quelle situation plus belle, plus ravissante pour la construction d’un casino ? Cependant la place s’indique d’elle-même et pendant la saison estivale on trouverait un beau site, un abri sûr contre les vents d’Ouest, les seuls qui puissent nuire à ce moment. Les vents d’Est, du Nord, sont à craindre l’hiver, mais l’été ils rafraichissent la brise.

On est là aux premières loges pour recevoir les premiers rayons du soleil, qui animent la gaité dans les cœurs les plus tristes, et ici je m’adresse aux touristes sémillantes… Ce n’est plus une solitude ; vous aurez le loisir, charmantes écuyères, d’aller faire envier vos riches toilettes de la grande ville, qui produiront le plus bel effet sur les natifs d’Audierne.