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happeraient au passage les imprudents qui viendront montrer leur ventre argenté au soleil. Dommage peu important, quand on le compare à ceux des ignobles marsouins qui souvent les pourchassent et les engloutissent par milliers.

Que c’était un plaisir de remonter la Gironde avec un pareil guide. Prévoyant son dernier voyage, il ne cessait de donner un dernier regard à tous ces nombreux phares qui l’avaient toujours guidé, depuis le monument de l’entrée, la tour de Cordouan.

Arrivé aux célèbres crûs, gloire du Médoc et du Bordelais, avec complaisance il les indiquait du doigt. Voilà St-Estèphe ; St-Julien avec son clocher, que l’on dirait breton… voilà Léoville avec son portique… là-bas, Château-Latour… derrière ce massif d’arbres, c’est Château-Laffite. Il déplorait de voir les plus beaux crus de France entre les mains des juifs.

Il ne devait cependant pas ignorer, que c’est pour ce peuple choisi de Dieu, que furent créées les belles grappes de Chanaan.

Ceci est bien vrai, mais que ce peuple privilégié, retourne à ses oignons d’Égypte et à ses raisins de Chanaan et qu’il laisse le vin de France aux vrais Français.

Le capitaine Roturier était natif de Blaye, aussi n’oublia-t-il pas de nous dire, montrant les fenêtres du château : j’avais 22 ans quand j’ai vu y amener l’infortunée duchesse du Berry… voilà les ouvertures de ses appartements. Il est un autre souvenir qu’il rappelait encore : Je faisais partie de l’équipage de la Belle-Poule. La veille du départ on rassemble l’équipage sur le pont, nous étions en lignes pressées quand les autorités arrivent.