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audierne

cinant, donnant ses derniers conseils à ses compagnons d’aventure.

Ici, nous n’allons pas à la conquête de la toison d’or et c’était comme testament du vieux capitaine, qui avait bourlingué plus d’un demi siècle, aussi je l’écoutais disant : aucun commerce ne languit dans notre canton, aucun poisson ne manque à notre baie, que les saisons succèdent aux saisons, il y a toujours du travail pour vos pêcheurs… Il déplorait un peu l’entrée difficile, mais ajoutait-il un jour viendra où l’on comprendra que par des travaux intelligents, on pourra atténuer les difficultés de la passe, et c’est toujours en faisant ces réflexions, que je fends les flots de la baie d’Audierne et c’était le sujet de ses conversations devant ses marins, devant son second ; conseils d’expérience de l’homme du métier.

Sous la latitude des Charentes, il m’appelle : voyez vous ces plaques opaques, comme l’ombre d’un gros nuage sur l’azur de la mer… remarquez un frétillement à la surface, puisque nous jouissons d’un beau calme… ce sont d’énormes bancs de sardines de la saison, elles approchent des côtes de Bretagne, et votre grande baie d’Audierne en aura la plus grande part. Le talent de vos pêcheurs, consistera à les y conserver une longue saison, elles seront à l’abri, en dehors du courant de Penmarc’h, elles ne seront pas pressées de gagner ceux du Raz, pour aller à l’Iroise, ce sera pour elles comme les délices de Capoue. Mais il ne faut pas ménager l’appât… hélas ! ajoutait-il, la rogue est bien chère, hors de prix. Celui qui trouvera le moyen d’enrayer le monopole par un appât à bon marché, méritera la reconnaissance des pêcheurs.

Si nous n’étions pas si loin de la terre, de nombreux oiseaux leur feraient cortège qui