Page:Boulain - Souvenirs de la Basse-Cornouaille, vol. 1, 1895.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.
36
audierne

Le déchaînement de la barre à Audierne, est en partie provoqué par ces récifs dangereux. Ah ! alors il ne fait pas beau sortir.

De ce tertre de la montagne, quel beau spectacle quand on arrive au moment du départ de la flottille de pêcheurs… par bandes de deux, trois et quatre… Les uns à la voile, d’autres d’abord à la rame avant de prendre le vent. On compte rarement un abordage. À peine ont-ils doublé le long môle qu’ils ont lentement côtoyé, ils prennent le large, s’éparpillent, louvoient chacun à sa guise. N’allez pas croire qu’ils vont au hasard… chaque patron connaît son parage… La veille il a observé un frétillement, un vol de mouettes est venu lui indiquer un banc de sardines, c’est presque à coup sûr qu’il marche… S’il retourne bredouille, il s’enquiert de parages plus fréquentés et qui ont été favorables la veille.

C’est souvent bien loin qu’ils doivent aller, quelquefois à quelques kilomètres seulement, et le voyageur peut distinguer aisément l’équipage qui abat les voiles, un moment il reste immobile et observe la direction que prend le pauvre petit poisson qui se joue à peu de profondeur… Quand vous voyez un homme se lever à l’arrière pendant que les teneurs de bout, maintiennent la barque au moyen de longues rames, vous pouvez dire : c’est le patron du bateau qui sème la rogue, appât qui nous vient de Norvège. Il est nécessaire malheureusement pour affriander le poisson ; et celui-ci se précipite à la grande joie du matelot qui reviendra gaiement au-port se débarrasser de son heureuse récolte, aussitôt mise au magasin, car cela n’attend pas.

Pour certaines pêches, c’est souvent à perte de vue qu’il faut aller, à 35 et 40 kilomètres, là où vous voyez onduler la fumée de nombreux