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audierne

d’Audierne… Pour jouir du plus beau coup d’œil (en somme, la beauté des horizons est à tous et la jouissance du beau est un sentiment élevé de l’âme) les moines ont construit de hautes terrasses qui divisent la propriété en croix latine.

Sur une de ces terrasses est un chef d’œuvre de science et de patience, un cadran solaire, datant de deux siècles, témoignant d’une grande science chez un humble religieux ; il a su y graver les figures les plus savantes, les plus exactes de l’antiquité, grecque, égyptienne, etc…

Le nom de l’auteur n’y est pas ; une simple inscription latine, évidemment gravée par l’humble savant, réclame du visiteur curieux, un simple ave maria pour l’auteur inconnu.

Du bas de ces hautes murailles vous êtes encore bien placés pour jouir du panorama, où les scènes changent chaque jour. Jugez-en… Dans le lointain, les noirs rochers de Penmarc’h, ville si célèbre au moyen âge, la côte de St-Guénolé, où l’on vient d’édifier des serres immenses, où des raisins aussi beaux que ceux de Chanaan mûrissent, alors que les vignes ailleurs ne sont qu’en pleine floraison. Dans quelques années, on aura le spectacle nocturne de ce beau phare d’Eckmühl, dont les projections éclaireront la baie, la mer à quatre vingt milles… Ce sera une merveille et ce sera fulgurant.

Tournez les regards à gauche, admirez cette belle baie d’Audierne qui s’arrondit, vous laissant apercevoir de longues plages de sable bien blanc, de plusieurs kilomètres, et les coteaux étagés au soleil, tellement bien exposés que les plus beaux légumes y prospèrent. Les riverains disent avec raison « nous pouvons tout ce que peut Roscoff » dont le renom s’étend au loin, en France, à l’étranger.