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savante, que de venir rendre à la vie, des individus auxquels, un jour, on viendra arracher le pain qui doit les nourrir… » Ces jours derniers, nouvel essai de l’inventeur, et nouvelle émeute… avec peine, la force armée a pu rétablir l’ordre.

De nombreuses signatures d’hommes désintéressés, amis des ouvriers, se sont adressés aux Pouvoirs Publics… reconnaissons-le, députés et gouvernement se sont occupés d’eux, on a, en quelque sorte, enrayé l’œuvre néfaste, malgré les explications plus ou moins rassurantes de l’inventeur… la machine ne fonctionne pas… et c’est un moment d’arrêt… C’est-à-dire, me dit ce praticien intelligent, on a, en quelque sorte, besoin d’eux… jusqu’à ce qu’on ait découvert une machine à souder, ce qui arrivera bien un jour, et alors on ne pourra plus mettre un arrêt… Pour le moment, la chose en est là… mais, si plus tard, on y arrive, si l’on substitue la machine aux bras qui resteront sans travail… l’épée de Damoclès, ne laissa pas dormir son philosophe. Quand le lendemain n’est pas assuré, est-on vraiment tranquille ?

Créez des syndicats, disent les uns… Faites des grèves, disent les autres ! D’autres répondent, il en est de même des autres industries, et vive le progrès… Chacun des non patients cherche son remède…

Des gens à l’abri, des jouisseurs disent… il y a encore des terrains à défricher en France, qu’ils s’y consacrent… Pourquoi pas, pourrait-on leur répondre, ne pas les expatrier en bloc, et ces sans travail, comme les autres des diverses industries anéanties, iraient peupler les plateaux de l’Afrique Centrale, véritable Eldorado, prêche-t-on… et plus tard, ne pourrait-on pas les envoyer peupler la