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audierne

de bonne heure, ils mourraient à la peine… trois, quatre campagnes, c’est tout, c’était tout dois-je dire… et je mets au passé hélas ! l’industrie de ces petits charrois est à l’agonie… malheureusement, non pour le bidet, mais pour les petits fermiers des environs de Pont-Croix et d’Audierne, et c’est près de cent cinquante mille francs que les chemins de fer vont enlever aux petites bourses… Sans doute, l’avantage est pour le nouveau moyen de transport… mais il faut le reconnaître, le progrès est la fin inéluctable de bien de petites industries. Comme les grands magasins tuent le détail !….. Que nos petits commerçants essayent donc de lutter contre les grands magasins du Louvre et du Bon Marché, etc.!… L’avenir nous dira, si cela ne doit pas avoir un terme, alors que toutes les fortunes se concentrent dans les mêmes maisons… Laissez donc venir… Struggle for life est là… À qui sera la dernière parole ? Quoiqu’il en soit, je regrette ce pittoresque de jadis, ces files de voitures se passant, se dépassant, culbutant quelquefois ; mais les postillons étaient fidèles à se retrouver au même point, à quelque maison sur le bord de la route, qui n’ont souvent, pour enseigne, qu’une branche de laurier… On n’en construit plus autant le long des chemins.

Oui je l’ai déjà dit, et plus que jamais je le répète.

Le progrès est la fin de bien des industries… Voici un exemple récent : L’industrie des conserves alimentaires, donnait de l’ouvrage, par conséquent le pain quotidien à une classe d’ouvriers… les centaines de boîtiers, soudeurs, trouvaient un travail rémunérateur, demandant peu d’apprentissage ; ces travailleurs dormaient tranquilles, rien ne semblait les menacer. Tout-à-coup, on invente une machine qui va leur couper les bras…