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audierne

Je prends à partie un touriste forcené, artiste remarquable : Alexandre Nicolaï, qui, dans un moment de mauvaise humeur, écrit, en parlant d’Audierne : Pouah ! quelle infection qui vous soulève le cœur, un inimaginable relent d’huile, d’iode et de poisson passé qui alourdit l’air, vous serre la gorge, semble pénétrer vos vêtements ! C’est une symphonie d’odeurs mijotantes, comme Zola, seul, pourrait transcrire, qui éclate de partout, des barques, des barils de rogues nauséabondes, des filets, des vases transformées en charnier, des usines, des gens qui vous frôlent, etc. » Vraiment ce touriste ne va pas de main-morte.

M. Nicolaï est du midi… qu’il nous parle donc des huileries, des savonneries de Marseille et autres !… Mais c’est la gloire d’un commerce quand il sent son fruit ? N’indique-t-il pas qu’il est florissant ?… Soit, comme dans les autres ports de pêche, un peu plus de propreté serait à désirer ; mais cela plairait-il au pêcheur qui semble dire comme le fameux La Fontenelle. « Le cadavre d’un ennemi sent toujours bon. » Et le marin breton ne dit jamais la pêche… il dit : tuer le poisson… laha ar pesket. Il considère donc le poisson comme un ennemi, une victime que l’on doit sacrifier.

Pendant d’autres pêches, à d’autres époques, un spectacle curieux se présente… Vingt, quarante, cent voitures partent au trot, au grand trot, se suivent au galop à quelques pas de distances, je n’exagère pas… les chutes sont rares et peu remarquées. Le breton, qui a la tête si dure, remonte sur le siége, sans s’épousseter, sans se tâter les membres ; il reprend au galop le terrain perdu… Dam. — times the money… il fallait arriver à l’heure du train, et souvent on n’a que le temps strict voulu pour un temps de galop.

Rarement les petits chevaux tombaient, mais,