Page:Boulain - Souvenirs de la Basse-Cornouaille, vol. 1, 1895.djvu/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.
25
audierne

phates, des plâtres, des choux, des briques, tout cela pour le vaste canton, pour sa pêche pour sa marine… En un mot, à cette époque, c’est une vraie ruche commerciale, où chacun passe, repasse, va à ses affaires.

Les matelots, pour se consoler du dur métier, pour remplacer le sommeil de la nuit, que les embruns ont enlevé, vont aux diverses tavernes, nombreuses sur le parcours, portes grandes ouvertes… l’alcool ne semble pas nuire à ces loups de mer, et la régie, que dirait-elle, si l’on fondait une société de tempérance ?… On l’a bien essayé ailleurs, mais on a n’a pas eu grand succès, et j’en faisais l’observation à Marseille.

Vous voyez bien un vaste local sur les quais, il est ouvert aux marins de toute nationalité… rarement vous voyez les portes s’ouvrir, et cependant le marin y trouve gratuitement de la bière, et aussi gratuitement, il entend la lecture de la bible, c’est par-dessus le marché, malgré tout, les portes s’ouvrent rarement.

Tous ici ne vont pas aux auberges, une bande a apporté une brassée de ramée. Quelques-uns, sur l’arrière de la barque, se restaurent d’un frugal repas, tandis que d’autres, sur un matelas qui n’est autre que le banc dur et humide, dorment consciencieusement à poings fermés.

On peut bien manger sans nappe,
Sur la paille on peut dormir.

Si le voyageur a déjà été peu édifié des détritus de la marée, que les flots n’ont pu enlever, gisant le long du bord, je ne l’engage pas à pénétrer dans les usines de pêche. Ce n’est pas précisément le palais de cristal, où l’on peut se promener en bottines vernies… ici les robes à traînes seraient gênantes.