Page:Boulain - Souvenirs de la Basse-Cornouaille, vol. 1, 1895.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
audierne

ou de saison… C’est un danois qui débarque d’immenses blocs de glace, que l’on empile dans les glacières pour les moments de la canicule. Ce sont des navires à charbon pour les usines, et pour la saison prochaine, ce sont quelques courriers pour Pont-Croix, pour Audierne, et c’est tout.

Quelquefois, cependant, une tempête du large rassemble pour quelques jours dans le port, une véritable flotte, des centaines de bateaux, chaloupes des ports voisins, se voient contraints de demander un refuge… mais alors ce n’est pas gai… le marin qui n’a pas le sou, est triste à bord, et voyez la figure de mauvaise humeur du boulanger qui rechigne à marquer des crédits…

À la belle saison, quel changement ! et l’on peut escompter huit mois de mouvement… en somme ; ce moment de relâche a son bon côté… Ces quelques mois de répit ne sont pas de trop pour faire le vide du trop plein des magasins… C’est comme un exutoire fixé par la nature.

Le manque d’agglomération, en disproportion réelle avec l’importance de l’industrie locale, attire, des environs, forains et fournisseurs ; chaque jour est presque marché. Dès l’aube, les chemins se couvrent de voitures, les bouchers, boulangers viennent de Pont-Croix, et d’ailleurs, de Tréboul même… les bouchers installent leur étal, dans une halle qui a le ciel pour pavillon, et là tout se taille, se découpe, se pèse… il y en a pour tous et pour les navires en relâche et pour le Cap-Sizun, et pour l’Île de Sein. Journellement une trentaine d’étalages de fruits de la saison, tous en ligne, tiennent la place… Chaque soir, ces forains, ces fournisseurs repartent pour revenir le lendemain.

Je fais le souhait de voir arriver, au moment psychologique, quand les barques rentrent à l’heure du flot… elles se pressent l’une contre