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audierne

L’administration avait transplanté pendant quelques années, un fonctionnaire breton dans le centre de la France… Dirigeant mes pas, il m’y faisait admirer de vastes plaines, d’immenses champs cultivés de l’Allier, riches, mais nus et monotones, ne disant rien au cœur… « Que c’est loin, me disait-il, de valoir notre belle Bretagne, aux collines si boisées et si gaies. » Il me conduisait le lendemain dans un endroit retiré, véritable oasis dans ces plaines. « Voilà, me dit-il, ma promenade, les jours de tristesse »… Et c’était… quelques petits champs entourés de fossés boisés, une verte prairie traversée par un clair ruisseau, et comme un mirage, une riante maison couverte de petites ardoises, dont les reflets bleuâtres rompaient la monotonie de cette brique rouge, qu’une mousse verte dédaigne même de recouvrir… En un mot, on se serait cru on Bretagne.

Riverains du Goyen, couvrez vos collines de ces pins maritimes que les vents d’Ouest ne courbent pas, et vous offrirez aux voyageurs, un riant et inoubliable paysage… C’est, au reste, déjà fait au dernier kilomètre, quand vous arrivez près du pont en fer, donnant passage à la route qui mène à Pont-l’Abbé.

Jetez alors un coup d’œil de chaque côté… tout le long de la voie, vous avez côtoyé la rivière, les eaux viennent baigner les rails.

À l’arrivée, deux superbes demeures frappent vos regards et de droite et de gauche.

Dans ses impressions de voyages, Victor Hugo, parle de doux châteaux situés sur la rive opposée du Rhin… on les nomme Die Brüder, les frères… demeures féodales dont les deux frères étaient seigneurs… une portée de fusil les sépare à peine.

Depuis leur mariage, une haine atroce sépare les deux frères, chacun d’eux reste sur la rive