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les droits de l’homme

une seconde. Donnons de suite les noms des trois navires et des trois commandants :

Droits de l’Homme, capitaine Lacrosse.
L’Anglais indéfatigable, capitaine Pellew.
Frégate Amazône, capitaine Reynolds.

Lacrosse se tint prêt, quand il prévit l’attaque.

L’indéfatigable, vaisseau rasé, le rejoignit le premier ; quand une portée de canon les sépare, l’anglais envoie une bordée et la lutte commence. Par une bordée, le Français riposte, et la soutient par un feu roulant de mousqueterie.

Lacrosse ordonne d’ouvrir la batterie basse… Malheur ! la mer qui entre à plein sabords oblige à le fermer.

L’Anglais essaie de passer sur l’avant, mais le Français prompt à prévoir la manœuvre, envoie à l’ennemi la bordée qu’il lui destinait dans la première position… La lutte continue jusqu’à six heures du soir, quand l’Amazône, nouvel ennemi, apparaît : la frégate se place prudemment devant le Français, canonne les Droits de l’Homme, impunément jusqu’à ce que Lacrosse réussît à mettre les deux adversaires par son travers. À 7 heures 1/2, le feu du Français avait été assez nourri (bien qu’il ne pût faire usage de la batterie basse pour forcer les deux adversaires à se retirer pour réparer leurs avaries.

Lacrosse fait rafraîchir ses hommes, reprend la lutte.

Le but de l’Anglais est de détruire les mâts du français, qui lui, vise aux batteries.

Lacrosse blessé au genou à deux heures du matin, confie le commandement à Prévost-Lacroix, second ; mais en lui disant : « Assurez l’équipage qu’on n’amènera pas »… Vive la République, fut la réponse de l’équipage… À 6 heures 1/2, le cri Terre retentit.