Page:Boulain - Souvenirs de la Basse-Cornouaille, vol. 1, 1895.djvu/121

Cette page a été validée par deux contributeurs.
112
la croix de pennéarc’h

interdire dans les images ; un seul peintre a pu rendre toutes ces expressions réunies, pauvre comme Gilbert et malheureux comme lui ; comme celui-ci il pouvait dire.

Mes ennemis jaloux ont dit dans leur colère
Qu’il meure et sa gloire avec lui.

Ce grand artiste inconnu mourait ignoré dans un hôpital, à bout de misères, de chagrins, abreuvé d’amertumes, il était là, abandonné de tous. Donna-t-il le résultat de ses méditations dernières, les derniers reflets de son âme avant d’expirer… il faut le croire.

Saisissant un charbon éteint, dans un encensoir resté non loin de sa couche, il trace dans les derniers efforts, dans les derniers accès d’une fièvre qui le dévore, le plus beau chef-d’œuvre que l’on puisse voir, une tête de Christ mourant : et cette figure peignait tous les sentiments de l’âme résignée de Zurbara, l’espagnol. Ce fut le dernier effort de son génie, car un instant après il expirait en jetant un dernier regard sur l’image ; on retrouvait tout dans l’image, prière, miséricorde, pardon, résignation.

On peut dans la poésie peindre ces sentiments qui se rencontrent dans le chrétien mourant de Lamartine.

Déposer le fardeau des misères humaines,
Est-ce cela donc mourir ?

Et ce mourant fait un reproche à ses amis de pleurer son sort.

Compagnons de l’exil, quoi vous pleurez mon sort ?

Il est bien plus facile de peindre le Christ enfant, le Christ enseignant, c’est ce qu’a fait au premiers jours de l’enfance du christianisme, un artiste