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ville d’is

Ses yeux ressemblent à deux étoiles, ses cheveux ont la couleur de l’or, son cou et ses deux seins sont aussi blancs que la neige, sa voix mélodieuse charme et endort. Les marins du pays, quand ils l’entendent, se disent avec frayeur : éloignons-nous, Ahès est sortie de son palais, le mauvais temps est proche, et si nous tardons, nous serons jetés sur les rochers, pour dormir de notre dernier sommeil.

Comme Sodome, Gomorrhe, Babylone, Is n’est plus, et les flots roulent sur ses ruines. Au lever du soleil, Gralon et Guénolé gravirent la montagne Menez-Hom, Gralon jeta un regard de pitié derrière lui.

se trouvait Is, on ne voyait plus que la mer ; il se jette à genoux pour remercier Dieu et la Vierge. Se relevant, il vit sur le couchant, Rûmen-Goulou ou Men-ru-ar-Goulou, sur cette pierre on faisait des sacrifices humains : chaque mois, un petit enfant que l’on arrachait à la mamelle.

Les yeux baignés de pleurs, levés vers le ciel, Gralon dit à son ami : sur cette pierre rougie consacrée à un Dieu barbare, je ferai bâtir une église, en l’honneur de la Vierge, et là, où l’on verse du sang en l’honneur de Teutatès, la mère du vrai Dieu versera ses grâces sur les Bretons.

Il fut fidèle à sa parole… Les prêtres païens se révoltèrent, quand ils virent détruire le temple. Le roi les vainquit auprès d’Argol, à la tête des Bretons convertis. Sa prière terminée, le roi suivit Guénolé à Landévennec, abbaye qu’il avait fait construire. Il avait déjà donné son palais de Quimper à saint Corentin. À la place de ce palais, se trouve la belle cathédrale. Gralon passa le reste de ses jours à Landévennec, dans la pénitence la plus austère… Il allait souvent avec son ami à