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ville d’is

de la grande ville. Dieu se fatigua en voyant cet endurcissement et fit connaître à l’ange de Bretagne, son ami Guénolé que, sans tarder, la ville serait inondée par les eaux. Aussitôt Guénolé, monta à cheval, courut à la ville d’Is avec la pensée d’arrêter la colère de Dieu… Mais le temps de la pitié était passé, quand le saint arriva vers les minuit, les écluses étaient ouvertes et la mer faisait un bruit épouvantable en roulant sur les habitants, sur les maisons et les palais.

Guénolé à cheval, se fait suivre de Gralon. Le vieillard, toujours bon père, malgré les désordres de sa fille, prend à l’insu du saint abbé, la grande coupable en croupe sur son bidet de bataille. Les vagues de la mer arrivaient sur eux frémissantes, ils allaient être engloutis, quand une voix retentit : Gralon, Gralon, si tu ne veux périr débarrasse toi du démon que tu portes en croupe derrière toi.

L’avertissement était de Guénolé, l’ange de Bretagne.

Ha Guenolé enn eur grena
Ha gri : Gralon toll an diaoul-ez
Divar daillard da hin kane :

Aussitôt les flots s’arrêtèrent et l’on vit la punition du ciel.

Guénolé ne put sauver que Gralon… On voit encore sur le chemin, la trace du sabot du cheval sur le roc, où les abbés de Landévennec, avant de prendre leur charge, viennent prier et reconnaître Gralon comme fondateur du monastère.

Ahès, la mauvaise fille, fut changée en Mari-Morgan (qui chante sur la mer, ou écume de mer) moitié femme et moitié poisson, quand il fait clair de lune, on l’entend encore chanter sur les ruines de la ville engloutie.