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ville d’is

Sein, la traduction littérale… lui conservant les tournures bretonnes qui lui donnent comme un cachet de vérité…

Je dis avant de passer outre cette scène dont je parle, la fuite de Gradlon, portant sa fille en croupe, est admirablement représentée dans le tableau de Luminais, admiré au salon de 1888… il se trouve au musée de Quimper et nulle part, il ne pouvait se mieux trouver… mieux là qu’au Louvre.

Je donne la légende bretonne, et je fais remarquer que Gradlon s’écrit Gralon, que sa fille ne se nomme plus Dahut, mais Ahès.

Je le répète, c’est la traduction littérale.

Dans l’évêché de Cornouaille, où se trouve aujourd’hui la mer de Douarnenez, existait autrefois une grande ville, c’était Is son nom… Une grande muraille large et haute, avec des écluses en fer, la protégeait de la grande mer. En cette ville, on voyait parmi les riches, dissipations et mauvais exemples. Gralon y résidait, et était roi en Bretagne, guerrier dans sa jeunesse, et dur envers ses sujets, dans sa vieillesse, éclairé par la foi chrétienne, il devint doux comme un agneau, il pleura sur les débauchés de la ville, et sur la vie désordonnée que menait sa fille Ahès, avec la noblesse de la ville et de celle de Ker-Ahès (Carhaix), qui lui appartenait.

En ce temps là, il y avait en Bretagne, deux saints apôtres, amis de Dieu… Kaourintin, premier évêque de Quimper (St-Corentin) et Saint-Guénolé, premier abbé de Landévennec… Souvent ils avaient prêché la foi à Is, et admonesté le roi sur les actes criminels, les injustices, les forfaits qui se commettaient au palais de la jeune fille. On se moquait d’eux, et le roi affaibli par l’âge, n’avait plus assez d’autorité pour arrêter les désordres