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ville d’is

C’était le soir, le roi vit venir devant lui St-Guenolé, apôtre de la Bretagne qui venait lui annoncer l’imprudence de sa fille… La mer pénétrait dans la ville, la tempête la poussait devant elle, il n’y avait plus qu’à fuir, la ville entière était destinée à périr et à disparaître.

Gradlon voulut encore sauver son enfant des suites de son imprudence, il l’envoya chercher, la prit en croupe sur son cheval, et suivi de ses officiers se dirigea vers les portes de la cité. Au moment où il les franchissait, un long mugissement retentit derrière lui, il se retourna et poussa un cri… à la place de la ville d’Is, s’étendait une baie immense sur laquelle se reflétait la lueur des étoiles. Les vagues arrivaient sur lui frémissantes, allaient l’atteindre et le renverser, malgré le galop de ses chevaux, lorsqu’une voix éclatante retentit :

« Gradlon, Gradlon, si tu ne veux périr débarrasse toi du démon que tu portes derrière toi ».

La fille de Gradlon terrifiée sentit les forces l’abandonner, un voile s’étendit sur ses yeux, ses mains qui serraient convulsivement la poitrine de son père se glacèrent et retombèrent, elle roula dans les flots.

Ce fut à l’endroit nommé depuis lors… pouldahut ou poul-david… (le mot poul signifie trou, mare). À peine l’eurent-ils engloutie, qu’ils s’arrêtèrent, quant au roi, il arriva sain et sauf à Quimper, se fixa dans cette ville qui devint la capitale de la Cornouaille.

C’est ici la légende française. Après de longues recherches, j’ai pu me procurer un vieux récit breton. La submersion de la ville d’Is, on en a fait un Guerz que tous nous avons entendu chanter dans nos foires et pardons.

J’en offre ici, comme je l’ai fait dans le Raz de