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d’audierne au bec du raz

meur à St-Thei, à la pointe du Van, point terminus précédant la baie des trépassés.

Qu’y a-t-il donc d’étonnant si, aux temps obscurs où la conscience humaine ne s’était pas encore révélée, les populations profitaient des dangers de ces côtes dangereuses pour attirer les vaisseaux en perdance, allumant des fascines aux cornes des bestiaux, se livrant ensuite au pillage par les droits de bris.

La pointe du Van enferme entre elle et la pointe du Raz, la lugubre baie des trépassés où viennent se concentrer toutes les épaves des naufrages… et combien autrefois étaient fréquents les sinistres ! (Lisez Cambry, Voyages dans le Finistère, 1836) Vingt-trois navires sont venus se perdre la même année, sur les rochers à la pointe du Raz et environs.

Jadis, au cri de ralliement « pasé zoan od », il y a des épaves à la côte… les riverains se hâtaient de courir à l’endroit indiqué. Une espèce de syndicat était formé pour le pillage des navires. Quelques vigies à l’œil exercé surveillaient à tour de rôle… Après le pillage, à part égale ; les absents n’étaient pas oubliés, que de scènes terribles et d’orgies se sont passées !

On peut relire tout ce que j’en ai écrit dans le Raz de Sein. Les vigies se trouvaient un peu partout ; mais surtout aux deux pointes principales, à la pointe du Raz… à la pointe du Van, qui sont les rivales.

Toutes ces scènes, avaient lieu, à ces époques, à ces temps obscurs, où la conscience humaine ne s’était pas encore révélée.

Mon Dieu, ce n’est pas la même chose maintenant, on n’attirerait pas un navire en perdance, mais la théorie est toujours là… la même partout (c’est la providence qui nous envoie cela et ils ne