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cap sizun

installé… le gars intrépide descendra par ce moyen dans l’abîme, profite du répit du flot pour rassembler les tas, que les compagnons font hisser à fur et mesure au sommet… Quand le flot arrive il est temps qu’il remonte lui-même, le reste sera pour la marée suivante… Au sommet le travail n’est pas encore terminé, car il faudra encore monter au moyen de civières le précieux engrais jusqu’à l’endroit où un chariot pourra tout prendre et amener au champ… J’ai décrit comment sur les rivages plus plats de la côte opposée on les fait sécher, puis incinérer. Là, c’est dangereux, ici, c’est plus pénible encore :

Travaillez, prenez de la peine,
C’est le fonds qui nous manque le moins

N’est-ce pas ainsi que cela se pratique dans certaines parties des Alpes, des Pyrénées, dans la Lozère, il y a sur la montagne des plateaux élevés que ni animaux, ni chariots ne peuvent atteindre. Les hardis montagnards ne veulent pas laisser perdre une riche moisson des foins qui seront les plus parfumés… Des travailleurs grimpent au moment de la maturité des graminées… Là, les foins coupés se fanent tout seuls, et ils les projettent ensuite d’étage en étage, jusqu’à l’endroit de la montagne où les chariots peuvent les prendre. On recommence l’année suivante.

Un fjord assez important se trouve cependant à un endroit de la côte de Beuzec-Cléden… C’est Téolin… il n’est pas grand, mais très profond, et les navires du plus fort tonnage peuvent accoster. Quel bel emplacement pour un port… trop petit malheureusement !

Le reste de cette côte n’est qu’une suite de falaises escarpées jusqu’à Castelmeur, de Castel-