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d’audierne au bec du raz

saxile blanc, bleu, rose, qui circule le long des rochers. La nuit, mais alors c’est un danger ; ils prennent encore d’énormes congres noirs… les grisâtres fréquentent les sables du large.

Les parois de ces roches inaccessibles sont tapissées de moules de toutes tailles. Là aussi on trouve un zoophyte, étrange, que l’on ne rencontre que sur ces parages.

Les savants qui sont des hommes habiles, ont trouvé dans son museau pointu, une ressemblance avec le bec d’un canard ; ils lui ont donné le nom de Lepas anatifera.

Nous autres simples et naïfs mortels, qui voyons les choses sous leurs formes vraies, nous lui donnons le nom de pouce pied. Il ressemble à un orteil pour la longueur et la grosseur, son museau est d’un blanc bleuâtre, sa tunique comme une toile d’amiante… aucune machine ne pourrait la tisser aussi belle. La chair rouge, d’un goût plus fin que le homard, festin de prince pour quelques-uns ; mais combien difficile en est la cueillette ? Il faut que ce soit aux marées d’équinoxe ; un intrépide descend armé d’un fort râteau en fer. Le zoophyte se compose lui-même un ciment tellement tenace que pour l’obtenir on emporte le quartz.

Disposés à la ligne de flottaison horizontale que baigne la mer, ils sont là, par paquets, de dix, cent, mille… on arrivera à les détruire tant on en fait consommation, car l’animal que l’on dresse à la recherche des truffes en est friand, et on ne les en prive pas.

Au milieu des flaques d’eau que la mer abandonne à chaque marée, on voit encore des quantités et des quantités d’oursins… Braves Marseillais, c’est votre régal ainsi que les clovisses, venez donc, nous vous les abandonnerons, car nous les dédaignons…