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légendes

dévennec. Souvent, ils avaient prêché la foi à Is et admonesté le roi sur les actes criminels, les injustices, les forfaits qui se commettaient au palais de la jeune fille : on se moquait d’eux, et le roi affaibli par l’âge, n’avait plus assez d’autorité pour arrêter les débauches de la grande ville. Dieu se fatigua en voyant cet endurcissement, et fit connaître à l’ange de Bretagne, son ami Guénolé que, sans tarder, la ville serait inondée par les eaux. Aussitôt, Guénolé monta à cheval, courut à la ville d’Is, avec la pensée d’arrêter la colère de Dieu. Mais le temps de la pitié était passé. Quand le saint arriva vers minuit, les écluses étaient ouvertes, et la mer faisait un bruit épouvantable, en roulant sur les habitants, sur les maisons et les palais.

« Guénolé ne put sauver que Gralon. On voit encore, sur le chemin, la trace du sabot du cheval sur le roc où les abbés de Landévennec, avant de prendre leur charge, viennent prier et reconnaître Gralon comme fondateur du monastère :

« Ahès, la mauvaise fille, fut changée en Mari-Morgan (qui chante sur la mer), moitié femme et moitié poisson. Quand il fait clair de lune, on l’entend encore chanter sur les ruines de la ville engloutie.

« Ses yeux ressemblent à deux étoiles, ses cheveux ont la couleur de l’or, son cou et ses deux seins sont aussi blancs que la neige, sa voix mélodieuse charme et endort. Les marins du pays, quand ils l’entendent,