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monographie

Si la population a conservé ses mœurs, ses costumes, son langage, ne vous attendez pas à trouver un peuple Moyen-Âge. Les relations sont agréables, policées même, tous les hommes ont l’usage de la langue française, peu de femmes la parlent.

Dans les ruelles étroites de l’Île, vous rencontrez le colporteur de la ville, de porte en porte exhibant sa pacotille de rubans et colifichets. Le voyageur de commerce qui s’introduit partout, y fait son apparition ; une figure étrangère ne produit rien de farouche. Certes, ce n’est pas de l’Île de Sein que parle le spirituel auteur de Vert-vert et du Lutrin vivant.

Dans son Carême impromptu, Gresset parle bien d’une Île éloignée, où l’on trouva moyen de faire en une semaine, tout un travail de quarante jours ; Carnaval, Carême, jours saints et Pâques. Changez si vous le voulez quelque chose à la liturgie de l’insulaire, mais ne touchez pas au culte. Il est ferme dans ses croyances, et s’il existait quelques superstitions, qu’y aurait-il d’étonnant ?

Jusqu’à l’époque du P. Maunoir, auquel un miracle du ciel octroya le don de la langue bretonne (voyez à la Cathédrale les fresques de Yan’ d’Argent), l’Île n’avait pas de prêtres. Ils étaient chrétiens, voilà tout, presque païens. En 1624, le P. Maunoir les évangélisa, les instruisit et le premier pasteur s’appela Le Sur. Souvent la difficulté de se procurer un homme