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monographie

nent ; les chemins de fer ont aidé à cette transformation ; les habitants, très religieux, se rendent chaque année en bon nombre aux lieux de pèlerinage lointains ; ces familles entières partent pour Lourdes, pour Sainte-Anne d’Auray. J’en connais qui, à plusieurs reprises, confiaient les clefs de leur demeure à des étrangers, et tous, père, mère, enfants, se rendaient à Lourdes et faisaient un voyage d’une semaine entière.

La croyance au droit d’épaves, commune à toutes les populations des côtes, ne saurait infirmer l’élan de leur héroïsme pour le sauvetage des naufragés.

Entr’autres exemples, citons une famille seulement : la famille de Jean Le Berre, de Plouhinec ; elle s’était déjà signalée. Un jour ils apprennent, le père et le fils, que les marins du navire anglais Horlis se trouvaient en détresse ; le père est déjà âgé ; ils savent que quatre marins sont en perdition à 400 mètres au large, sous ce qu’ils appellent an od bras, la grande grève. Tous les deux se jettent à la mer, l’un ramène sur ses épaules le capitaine du navire. Les marins furent rapportés sur le sable après beaucoup d’efforts et de peines, la mer était démontée.

Les sauveteurs obtinrent l’un une médaille d’or et l’autre une médaille d’argent. Plus tard, le capitaine fit parvenir à son sauveur une somme de 300 francs.