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fait prisonnier à kerguélénen

La trahison seule a mis entre nos mains, se disait-il, un homme brave, mais qui n’est qu’égaré, un chef qui pourrait revenir à des sentiments meilleurs, devenir un capitaine loyal, dévoué. Les ordres de clémence du roi sont formels : « Soyez surtout cléments, n’oubliez pas que les ennemis qui restent encore sont des français, et je suis le père de tout le peuple.

Il raisonnait juste le comte de Saint-Luc, mais les ligueurs avaient-ils prouvé qu’ils étaient bons francais quand ils proposaient la couronne au roi d’Espagne.

Cette proposition fut soumise au parlement, et cette grave assemblée s’indigna, et déclara formellement que la couronne de France ne pouvait appartenir à un souverain étranger. N’en est-il pas cependant de nos Jours qui ne raisonnent pas avec plus de patriotisme… rien de nouveau sous le soleil.

D’autres raisons militaient encore dans l’esprit de l’envoyé du roi… Dès la première entrevue avec le partisan, Saint-Luc, songea à rendre la liberté : il était soldat, il aimait les gens de guerre… Que dirait-on dans l’armée, s’il livrait au parlement un homme que la trahison seule avait pu livrer ?… Il est ennemi, mais il n’est pas le seul, il s’est montré cruel, très cruel, les royaux sont-ils exempts de reproche… et puis en somme, La Fontenelle est bon, il est jeune, il est de bonne noblesse, et quand sa soumission sera obligatoire, ce qui arrivera à bref délai, ne sera-t-il pas un excellent serviteur ?

Depuis quelques jours, Guy Éder restait éloigné de son ile, quand le délégué royal se fit introduire dans la prison.

Saint-Luc fit retirer les soldats, puis prenant la parole : « Eh bien, Monsieur le baron de La