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vérité sur le voyage de la fontenelle à nantes

Cornouaille… Sans doute, vous voulez rire, dit son principal conseiller, un italien de Florence… si justice parlait, il ne faudrait pas parler du roi de la Basse Cornouaille, mais il faudrait lui donner nom, roi des pendus, c’est un mécréant, un brigand que la corde atteindra — Je te donne, mille sous, dit le duc, si tu te sens le courage de répéter cette phrase devant le baron de La Fontenelle, et sans en changer un mot !… Le timide conseiller répliqua : Monseigneur, je n’ai pas été dressé à me battre contre les loups… mais si votre altesse veut me croire, la venue de La Fontenelle à Nantes, lui sera plus funeste que la venue de Louis XI à Péronne ! Êtes-vous de cet avis, Messieurs… Faut-il pendre celui qui nous vient comme ligueur et allié ; pour ma part, je ne le ferai pas. Je vous convie à m’accompagner au port, pour recevoir mon fidèle et dévoué serviteur et allié,… cruel peut-être, mais toujours heureux… cela excuse bien des choses.

Ceci se disait dans la cour du château de Nantes… Le Florentin ne put qu’exprimer dans ses traits, le dégoût que lui inspirait la venue de l’objet indigne de la bienveillance du maître.

Que veux-tu, mon pauvre conseiller, la catholicité de Navarre fait tort à notre cause… avec sa messe et son absolution, ce diable de Béarnais, a renversé mes projets, il a presque ruiné ma fortune… — C’est votre faute, seigneur Duc, si vous aviez voulu en 1595, accepter la proposition de Duplessis-Mornay, la Bretagne restait votre propriété… mais, vous vouliez un duché tout catholique, vous teniez au Pape et à Rome, plus qu’à la couronne… ne vous plaignez pas, voilà votre malheur, n’en accusez personne.

Le Duc répondit sévèrement : Silence, tu deviens aussi hérétique, laisse-moi… le Florentin