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île tristan assiégée

À une basse marée, Sourdéac commanda une attaque, Guy Eder le laissa déployer ses compagnies, braquer quelques mauvais canons, et il riait de son rire perfide quand quelques batteries cachées au fort firent une décharge qui tua beaucoup de royaux, et les forca à se retirer à la marée montante. La mer se chargea d’enlever les cadavres.

Sourdéac rassembla un conseil, les uns étaient pour une surprise de nuit… c’était hasardeux, on risquait de se faire prendre, l’île avait comme alliée la marée. L’avis qui prévalut était d’attendre l’arrivée de vaisseaux de Brest… et les plus sages disaient ; la famine seule viendra à bout de l’île Tristan.

Et comment la famine pourrait-elle en venir à bout ? Sourdéac ne se doutait nullement des approvisionnements accumulés à l’île… ensuite les bateaux allaient à la mer, et des pêches fructueuses venaient ravitailler les assiégés… rapportons-nous toujours aux armes de l’époque.

Un soir quatorze vaisseaux parurent à la pointe de la Chèvre, on les aperçut dans le lointain s’approcher. Sans délai dès le matin, ils vinrent s’embosser, canonnèrent le fort… On n’avait pas à redouter de ce côté un débarquement impossible, et l’artillerie de mer alors encore plus défectueuse que l’armée de terre, envoyait bien quelques boulets, mais ricochant à peine sur la falaise et tombant à la mer.

Sur ces entrefaites le temps devint mauvais, et les vaisseaux furent contraints de se réfugier sous ce que nous nommons le grand port, qui n’avait alors ni son môle, ni son fanal… Les navires royaux étaient impuissants à surveiller les barques de pêche, soit de nuit soit de jour… Les marins expérimentés choisissaient l’heure, la