Page:Boulain - La Fontenelle, Vie du partisan ligueur, 1895.djvu/81

Cette page a été validée par deux contributeurs.
75
île tristan assiégée

d’approcher, au risque de se faire prendre par la nappe d’eau, et de se faire massacrer à la suite.

Le partisan demeurait peu inquiet du résultat, comme je l’ai déjà dit autre part, il faut se rapporter aux armes de l’époque, on ne connaissait pas les combats à longue portée… où pourrait-on essayer une escalade, soit de nuit soit de jour, comment pourrait-on se rencontrer dans un combat corps à corps, un à un ou même par petits groupes.

L’armée des royaux put bien s’installer à son aise, on n’y mit pas d’obstacle, et ce fut d’abord une vraie parade… ils s’aventuraient bien un peu, et La Fontenelle se contentait de temps en temps d’aller jeter le désordre dans les rangs des royaux… et quelques barques se trouvaient prêtes à reprendre les ligueurs qu’on ne pouvait poursuivre.

Au fort la discipline la plus sévère était observée par ordre. Le partisan donnant aux royaux le spectacle curieux de soldats paradant sans soucis des assiégeants, passant et repassant d’un air narquois.

On avait bien établi de terre quelques batteries, à quoi cela servait-il ?…

Les routiers s’asseyaient sur les remparts, aux fenêtres des maisons, sur la colline semblant compter les coups, faisant des gestes de gamin les plus grotesques, et depuis cette époque la pantomime n’a pu changer… quand ils comptaient les coups, de grands éclats de rire saluaient les boulets impuissants qui tombaient à l’eau à distance, on le comprend bien avec les tromblons de l’époque… et quand un groupe assez important de royaux ou d’officiers se trouvaient en vue du côté ennemi, le cri bruyant et souvent répété de vive le Baron de La Fontenelle se faisait entendre.