Page:Boulain - La Fontenelle, Vie du partisan ligueur, 1895.djvu/68

Cette page a été validée par deux contributeurs.
62
saccage de penmarc’h

ou les propos échangés dans les champs, ou autour du foyer, vous ne saisirez que des sons, absolument inintelligibles aux oreilles françaises. Si au souffle du vent dans la lande, se mêle la mélancolie de quelque chanson monotone, soyez sûrs que les paroles sont en breton. Cette énergie inconsciente se maintiendra longtemps encore… Dans quelques endroits du Finistère le costume a subi certainement avec l’idiome, l’inéluctable destinée qui met fin à toutes choses. Les signes précurseurs d’une disparition prochaine se manifestent en beaucoup d’endroits. Dans beaucoup de cantons les larges cols, les hautes coiffures, les formes amples, tout ce qui avait grand air, s’est rétréci, rapetissé, atrophié, comme des organes qui vont devenir inutiles.

Dans certains points, les anciens costumes si singulièrement variés sont même remplacés par des habits sans caractère, qui ont un double mérite, ils coûtent moins cher et peuvent passer partout, sans attirer l’attention.

Mais pour le pays dont nous parlons, les modes antiques se défendent vaillamment… Dans les pays de Plomeur, de Pont-l’Abbé, de Penmarc’h, le costume des habitants n’a subi aucune modification importante, essentielle. L’ensemble est d’un beau caractère, et offre pour les deux sexes des particularités étranges

Dans le vêtement féminin, la partie bizarre consiste dans une pointe raide, grosse tout au plus comme le bec d’une plume, et qui forme le sommet d’un petit triangle de toile, s’élevant au-dessus du front… Cette pointe attire l’attention, et c’est par son nom que l’on désigne communément la région où le port en est de rigueur… pays des bigoudennesBrô ar bigoudennet. On prétend que cette extrémité capricieuse a été