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rapt audacieux

on a le cœur pur d’une jeune fille… ouvre vite je t’en prie, ma vieille Marianne, ayons confiance en Dieu et dans la bonne Vierge… Tu vois, mon cousin veut me sauver, il ne veut pas que les brigands m’enlèvent. Guy Eder se précipite dans la chambre ouverte enfin… sortez d’ici à l’instant, dit-il à la gouvernante, je veux rester seul avec ma cousine qui va s’habiller de suite… ses yeux étaient si effrayants que la vieille Marianne crut avoir affaire à l’ange des ténèbres, elle se signait à plusieurs reprises, un soudard qui avait suivi le chef à quelques pas, la poussa par les épaules et lui fit descendre les larges marches jusqu’au rez-de-chaussée : jamais elle n’avait dégringolé si vite.

Que se passe-t-il, mon cousin, dit la jeune fille à peine vêtue ? — Des brigands se sont introduits dans le château, je viens vous retirer de leurs mains, et vous protéger. — Quoi vous suivre dit la jeune fille tremblante. — Il le faut, cousine, c’est votre salut, je veillerai sur vous. — Ah ! vous n’êtes pas méchant comme on le dit. — Habillez-vous vite, dit Eder, je vais surveiller la bande… Comme il est heureux que votre père et votre mère soient absents, c’est à eux que l’on voulait, et l’on abandonnait vos appartements pendant le pillage… peut-être si l’on vous soupçonnait ici, vous prendrait-on comme otage. Moi je savais que vous étiez ici, on n’y viendra que plus tard, dépêchez-vous.

Voulant rassurer davantage la pauvre enfant confiante :

« À Landerneau, j’ai appris le vol projeté pour la nuit : ces voleurs ont voulu embaucher pour le coup à faire, des gens qui me sont dévoués ; on voulait les racoler pour le pillage… oh ces pilleurs ne sont pas de la ligue, sans cela j’aurais essayé de les détourner… je ne suis arrivé qu’à temps…