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plogastel saint-germain

en éveil, et ces pauvres niais enserrés dans un cercle de fer devaient infailliblement se faire égorger et écraser… Stratagème d’une naïveté primitive que les sauvages emploient encore dans les pays ou les fauves pullulent encore… On les enserre dans des traquenards, alors quelques personnes peuvent les larder et de piques et de pieux durcis au feu.

Ce que Guy Eder avait prévu arriva.

Les confédérés de la place étaient déjà tous en mouvement, quand les dix soudards soi-disant égarés font leur apparition dans la lande… quand les routiers se furent bien montrés, un grand émoi se lève dans le camp des paysans qui se rassemblent, mais quand les soudards feignirent d’avoir peur, quand ils firent montre de reculer lentement, à la hâte on prévint du Granec qui arrive, jeune lui même il est dupe du stratagème : « ce sont des maraudeurs égarés dans la lande, ce sont les soldats de l’île Tristan qui ont perdu la route ». À la hâte il s’arme et donne l’ordre de fondre sur les dix soldats… Les paysans se précipitent sans ordre, sans cohésion, et comme par un filet, 3 000 paysans à peine armés, se voient cernés par 400 soudards bardés de fer, ricanant sous casques de la naïveté de la paysantaille… en un moment 1 500 et plus sont couchés dans les landes.

On dit que la vue de ces infortunés campagnards, dont il n’avait jamais eu à se plaindre inspira au partisan un moment de pitié.

Hélas faut-il y croire ? alors ça ne fut qu’un éclair, car nul ordre ne fut donné pour faire cesser le massacre, et à perte de vue, on entendit des tueries, en ricanant les fauves égorgeaient des victimes, comme le crocodile, qui dit-on, pleure quand il croque un enfant… Peu s’échap-