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se rend à l’île tristan

De fond en comble Douarnenez fut détruite, du moins dans la partie faisant face à l’île, et dans les parages que nous nommons le Guet… On incendiait ce que l’on ne pouvait abattre, après avoir égorgé ou gardé pour rançon quand le gibier en valait la peine.

Le moment était favorable, et l’on ne faisait pas quartier.

Riches marchands, quelques nobles s’étaient réfugiés, croyant échapper par l’isolement ; ou même par l’espoir d’être secourus par la garnison de Quimper… Croyez-vous que ces craintes et ces soucis inquiétassent les routiers ? Vous vous tromperiez beaucoup, car ils savaient à quoi s’en tenir… Au contraire, ils ne se montraient que plus tenaces et plus avides… La mémoire est encore restée des tourments que l’on fit endurer à quelques riches marchands, pour obtenir d’eux la divulgation de leurs trésors… et de ces paroles atroces de soudards : pas de mal aux filles et nous repeuplerons !

Les secours de Sourdéac n’étaient pas à escompter, et s’il arrive il aura à qui tenir… Nous serons fortifiés pour lors, disait-il.

En effet, les royaux comptaient sur la trêve qui partout ailleurs s’observait, et Sourdéac, de Brest avait assez à faire lui-même pour s’occuper de Guy Eder qu’il laissa se fortifier.

On mit la tête du partisan à prix, comme un chasseur qui vend la peau de l’ours avant de l’avoir tué… La Fontenelle ne fit qu’en rire et disait : « Voilà bientôt un an que le huguenot s’est fait catholique, et mordieu, il me traite déjà en hérétique… » Et son rire sardonique devant la troupe réunie indiquait le mépris qu’il faisait de ses ennemis et de leurs menaces. Le prestige du panache rouge grandissait, et l’on pouvait dire