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quelques pays, des souvenirs presque romanesques… Il en est de même dans les histoires de banditisme… Dans les pays de Tréguier, des chants sont à sa louange. Qu’est-ce à dire et comment expliquer cela ? Je me le demande : faut-il l’appliquer à la seconde phase de sa vie ? Il n’en voulait donc pas d’abord aux pauvres paysans et ses pillages n’allaient-ils qu’aux châteaux ? Enfin donnait-il ses ordres ?… On est forcé de le reconnaître, il existe toujours de grandes qualités réunies à de grands défauts. C’est souvent la conséquence. Les unes n’excusent pas les autres.

Quoi qu’il en soit, dans toutes ces marches, dans toutes ces contremarches, le jeune chef sut déployer une grande tactique, une grande ruse, surtout un grand talent à couvrir ses compagnons, ce fut toujours son but, ménager le sang des siens, au détriment de l’ennemi, ce fut même on le verra plus tard, un des grands motifs de ses représailles sanglantes… Les chefs de la ligue semblaient compter avec lui… et lui ne se gênait pas pour dire : « Nous arriverons à être les maîtres de la Bretagne, alors nous ferons ce que nous voudrons. »

J’ai donné succinctement toutes ses prouesses dans le Léon, dans le pays de Tréguier, dans les Côtes-du-Nord. Je n’y attachais pas grande importance, puisque mon but n’est que de peindre le dévastateur de la Cornouaille seul. Ceci n’est donc que comme une première couche de peinture, sur laquelle je vais tâcher d’appliquer la teinte vraie, ses prouesses en Basse Cornouaille.

Nous laisserons le partisan après tous ces méfaits arrivant dans les environs de Carhaix… Là il prend possession de l’église Saint Trémeur… C’est là qu’il établit ses magasins, son arsenal,