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dévastateur de la cornouaille

ne regarde pas si c’est un ver ou un serpent… je l’écrase, c’est plutôt fait. »

Un grand silence d’attention se fit… Guy Eder lève le front et sans regarder le P. Recteur, il s’adresse à Moreau :

« Voulez-vous que je vous parle en homme, de vous à moi, comme si nous étions seuls, et il paraissait tout à fait indifférent aux autres professeurs et condisciples — ils n’étaient rien pour lui.

» La vie est chose de Dieu, dans laquelle il a marqué à chacun sa destinée. Croyez-vous que les prudences humaines puissent changer l’œuvre du maître… Sa volonté est là… j’ai foi à mon destin. »

Moreau souriant d’abord devint soucieux aux dernières paroles.

« Comment donc enfant de 15 ans, remplissez-vous les heures du jour avec pareilles pensées ? Quel sommeil est le vôtre ? L’ennui doit vous dévorer… Vous croiserez donc les bras, avant de vous livrer à de glorieux travaux ? Vous attendrez donc l’heure de Dieu ? Enfant, vous êtes sur une pente glissante, vous faites erreur.

— Non, répond La Fontenelle, sans hésitation, c’est vous qui errez, on voit que vous n’avez pas entendu la voix du destin…… Et avec une énergie hautaine : « Malgré vous, malgré tout le monde, je marcherai le front haut seul et libre, toujours en avant, jamais je ne reculerai. Si j’écrase quelques hommes, tant pis pour eux, je fermerai l’oreille et je ne reculerai pas.

Et les yeux de l’adolescent s’illuminèrent d’un éclat subit et dominant la foule, comme indifférent, il va reprendre sa place.

Pauvre enfant, dit maître Moreau hochant la tête, prends garde, prends garde à toi… Et il