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jugement de la fontenelle

comment en effet ses pieds mis en bouillie pourraient-ils le soutenir ? Et pendant tout ce temps, son histoire circule dans la foule… C’est Plogastel St-Germain, c’est Penmarc’h c’est Pont-Croix. On exagère, on amplifie… C’est un tigre buveur de sang, un traitre qui a voulu livrer la Bretagne aux espagnols. D’autres parlent de sa naissance illustre, d’autres exagèrent ses actes de bravoure, on parle de son courage de lion.

Enfin dix heures sonnent à l’Hôtel de Ville, c’est l’heure indiquée par le jugement, La Fontenelle est couché sur la croix, ses yeux sont tournés vers le ciel, tandis que la tête repose sur une pierre… Près de lui, le vieux prêtre est à genoux, et sanglote lui-même, tandis que le patient qui n’est pas encore mort, semble jeter un dernier regard sur le passé. Quelques personnes des plus rapprochées, prétendirent qu’il murmura deux mots, qui furent : Amaury : Ma pauvre Marie !

Une lourde barre tomba successivement sur chacun de ses membres, elle les brisa, ainsi que reins… Deux violents coups sur la poitrine furent assénés… il était déjà mort.

Son corps fut délié, porté sur une petite roue horizontale. Le bourreau lui ploya les cuisses de façon que les pieds touchassent au sommet de la tête… On le lia à cette roue et le cadavre resta exposé aux regards du public… La foule eût le loisir de contempler ses restes.

L’histoire du supplice est vraie dans tous ses détails, quant à d’autres faits qui ont été racontés, c’est du roman.

Comment peut-on supposer que son frère Amaury ait assisté au supplice ? On peut bien le croire, et ceci serait possible, les parents de quelques victimes s’y trouvèrent. C’est là une consolation que la vengeance humaine se donne.