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la paix du roi

Paris… il quitte le fort aussitôt, confiant dans l’obéissance de La Boule… il arrive à Rennes, où le parlement le fait arrêter… j’avoue qu’ici on est mal renseigne sur tous ces détails… toujours est-il, qu’on le retint prisonnier… Ce fut d’abord à Rennes, mais on le trouve plus tard écroué à Saint-Brieuc (ceci est certain).

Et pendant la détention, le fort tombait sous le marteau des démolisseurs… Les garnisons de Quimper, de Brest, de Morlaix même sont mises en réquisition, et firent des prodiges, car elles firent disparaître toutes traces.

Quelle était donc grande la crainte du héros, puisque l’on prenait tant de précautions… craignait-on un retour inoffensif ?

J’ai lu les lettres de pardon accordées à La Boule, inutile de les donner ici, Dom Taillandier les relate. Un pareil traitre payait sa dette, se faisait oublier par de nouvelles obséquiosités… c’est une manière de se faire pardonner, le moyen employé par les lâches, sous tous les gouvernements… que d’exemples on pourrait citer ? que d’alinodies qui font rire

On remit Guy Éder en liberté, mais on ne lui cacha pas le tour qu’on lui avait joué, en détruisant à son insu des redoutes si savamment édifiées, qu’il eut défendu comme une tigresse défend sa progéniture.

Sombre et abattu, irrité, il se rend à Beaumanoir près de son frère Amaury et pendant quelques semaines, il part visiter d’anciens ligueurs, et cela de châteaux en châteaux, pendant cela, ses ennemis ne dorment pas, de nombreuses plaintes sont portées de Penmarc’h, de Pont-Croix… D’autres localités exposent leurs doléances ; ils portent plainte contre leur bourreau, contre celui qui a vécu de rapines, de vol, d’exaction, de cruautés,