Page:Boulain - La Fontenelle, Vie du partisan ligueur, 1895.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
saccage de pont-croix (1597)

chef voulait briser son épée, s’enfuir de l’ile, avec peine on put le retenir.

Quelques jours se passèrent dans ces idées sombres, dans ce dégoût de la vie… l’esprit agité par les terribles réflexions qui l’obsédaient il rêvait pour l’avenir des représailles atroces, et quand la pensée de ne pouvoir trouver le moyen pour y parvenir lui venait il était exaspéré.

Si Mercœur fait sa soumission, s’il reconnaît Navarre, qu’adviendra-t-il ? Si celui-ci vient en Bretagne avec des troupes nombreuses, il punira, il sera sans merci quand il se verra maître absolu… mordieu, mettre bas les armes, licencier mes compagnons ? impossible ! quelle humiliation pour moi, roi de l’ile, maître de la Cornouailles.

Saint-Luc me le disait bien… retirez-vous dans un de vos manoirs… faites-vous oublier… Le pouvais-je, pouvais-je moi, victorieux me retirer dans un manoir délabré, y demeurer dans l’inaction, ignoré, exécré de tous… oh misérables soldats, lâches compagnons qui avez fui, entrainant vos chefs dans la déroute.

Dans ces moments d’explosion, sa figure atroce de fureur reflétait les sentiments de colère qui l’animaient, on l’entendait blasphémer, vociférer… se croisant les bras : je ne me suis pas vengé de Du Clou ? je n’ai pas repris ma rançon que la trahison seule m’a enlevée ! Oh oui… 3,000 écus et mon honneur.

Soudain, on vient lui annoncer qu’un de ses lieutenants, La Boule, s’est laissé surprendre à Pont-Croix. La vitesse seule de sa monture a pu l’arracher avec quelques cavaliers qu’il conduisait à la maraude, à une captivité certaine, à la mort même ; car Lavillerouaut, gouverneur de la place, a ensuite fait pendre les routiers laissés entre ses mains, et cela sommairement, afin