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siège de quimper

quelques émissaires. Comment les royaux ne purent-ils avoir avec la troupe de l’ile Tristan d’autres intelligences ? On ne cacha pas assez le but de l’expédition, on s’y prépara trop ouvertement. Un sergent d’armes, paraît-il, avait quelques obligations à Kermoguer, ce fut la cause de l’avortement de l’entreprise car le gouverneur fut averti à temps… il connut l’heure du départ, la route que l’on devait suivre, le plan de l’attaque, et un homme sur ses cardes peut défier un corps de troupe nombreux… un bataillon embusqué vaut un corps d’armée.

Au déclin du jour les routiers partaient de l’ile Tristan, bien réconfortés, bien dispos, pleins d’entrain. On gardait un silence complet pour ne pas donner l’éveil, jusqu’à ce qu’on eut rejoint les chemins creux et détournés que ces maraudeurs connaissaient à merveille… on devait prendre par le Juch, les Vallons au-dessus du Guengat, passer sous Prat-en-Raz et avancer ainsi par le vallon. C’est à peu près le tracé de la diagonale du chemin de fer. Les grands chemins alors n’étaient pas entretenus, mais les traverses de villages à villages étaient plus fréquentées, on les néglige maintenant… ils ne font pas suer davantage les cantonniers qui n’existaient pas alors, et qui maintenant arrosent de leurs sueurs les grandes voies de communication.

Dans le vallon la troupe pleine d’entrain, allait, se croyant sûre du succès… quand on n’eut plus à craindre de donner l’éveil, les langues se délièrent.

L’avant garde longeant le steir, avançait sans crainte, et insouciante… de joyeux propos, les propos les plus grivois avaient leur cours… ces farces de soudards faisaient rire, et le chemin semblait plus court… les routiers de La Fontenelle ne craignaient ni Dieu, ni diable.