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que j’accepte, ce sera un don du sire de La Fontenelle, lequel sang Dieu, tient dit-on, bons bahuts ferrés et dorés, en son île Tristan… un vrai trésor de Salomon, chacun le sait, c’est en considération de l’illustre maison des Beaumanoir, que je vous fais grâce, aussi en souvenir de la liberté rendue à Du Granec. Demain vous pourrez retourner à votre île, mais rappelez-vous les paroles d’un soldat : Aussitôt votre retour, licenciez vos troupes, j’ai pitié de votre jeunesse… faites amende honorable, expatriez-vous pour quelques temps, faites solliciter votre pardon par votre cousin Lavardin, puissant à la cour… moi-même je vous promets d’obtenir du roi, l’oubli de vos actes passés… c’est cette espérance seule qui me guide en vous laissant aller… car si j’avais la pensée que vous puissiez agir autrement, je serai le premier à vous faire conduire à Rennes et à vous y accompagner.

Si vous êtes sourd à ma voix, vous serez cruellement puni, et cela sans tarder ; car partout nous sommes vainqueurs… ne criez plus, vive Mercœur, il fera sa soumission vous le saurez avant peu et personne désormais ne saurait vous soustraire à l’ignominie du gibet.

Toutes ces recommandations ont été conservées par un auteur, auquel je les emprunte en les abrégeant, le jeune homme ne répondit rien à ces paroles sermonneuses, et il se contenta de dire : Si jamais, le baron de La Fontenelle, rend son épée, ce sera entre les mains du noble comte qui me donne ses conseils.

Le lendemain la rançon demandée fut expédiée par les soins de De Romar, et Guy Éder sortait de grand matin, pour n’être pas reconnu des habitants : il avait une escorte de cavaliers royaux, qui dirent quelques paroles aux miliciens gardiens